Quand on leur demande de couper avec le groupe djihadiste, ce qui est nécessaire et indispensable, que leur reste-t-il ? Souvent les familles ne veulent plus parler d’eux, et même dans le cas des familles qui sont toujours là, ce n’est pas suffisant : il faut un groupe d’amis avec qui on va revivre dans la société. Le groupe, c’est quand même le lien avec la société.
Vous publiez aussi un long verbatim d’un djihadiste qui raconte comment le récit de son cousin en Syrie lui a fait ouvrir les yeux sur la réalité sur place, loin de l’image fantasmée qu’il s’en faisait. En quoi la diffusion de tels témoignages pourrait-il être utile pour stopper les candidats au djihad ?
Parce que d’un point de vue humain, mais aussi philosophique, pour se sortir d’un embrigadement sectaire, il faut ouvrir les yeux sur ce qui n’allait pas. Puis, ensuite, il faut ouvrir les yeux sur d’autres choses vers lesquelles aller. Il est donc essentiel de proposer des groupes de socialisation, mais il faut aussi que ces détenus puissent comprendre. Cela ne suffit pas de dire : “Tu as tort.”