Se définir soi-même, le défi des jeunes Asiatiques de France

Pour autant, tous ne sentent pas forcément ce mécanisme, ce qui explique que cet élan est encore en phase de construction. « À 37 ans, j’ai encore beaucoup de mal à transmettre les choses aux aînés », confie ainsi Grace, avant d’ajouter : « Des personnes plus âgées m’ont dit que prendre la parole, c’est indigne. Qu’aller dans la rue, ce n’était pas nous, qu’on devait être fidèle à l’image de cette minorité qui ne fait pas de bruit. La société nous donne des outils, alors autant les utiliser. Je ne suis pas prête à le faire mais le concept de transmission inversée m’intéresse beaucoup. En tout cas, si les aînés ne nous suivent pas sur notre démarche, au moins, qu’ils nous comprennent. »

Qu’évoque la désignation « Asiatiques de France » pour les principaux intéressés ? Nous avons posé la question à quelques-uns de nos intervenants

Les Asiatiques de France, ce n’est pas forcément très homogène. Il y a beaucoup de personnes avec des origines et issues de générations différentes. Il y a les immigrés de 1ère génération et les gens comme moi de 2ème – 3ème génération avec beaucoup de Chinois, Cambodgiens, Vietnamiens, et même Indonésiens. Linh-Lan, 29 ans
Les Asiatiques de France, c’est un terme très vague qui recouvre en même temps une certaine réalité. Ça regroupe toutes les origines possibles et imaginables. Ma mère est cantonaise et mon père est teo tchew. On a donc une langue, une cuisine, une histoire… Ce n’est pas la même chose quand je parle avec des amis originaires d’autres régions. Mais on est dans le même bateau en France, qu’on soit vietnamien, chinois… On nous traite de ‘’chinetoc’’ ! Grace, 37 ans
Les Asiatiques de France, c’est une communauté très variée. Il y a des parcours, des histoires, des cultures différentes. C’est une communauté de ressentis et de perceptions. Anthony, 37 ans
Je pense que c’est un work in progress (un travail en cours, ndlr). Les Asiatiques de France n’existent pas encore en tant que communauté représentée. Il y a une envie qu’elle se structure mais ce n’est pas encore le cas. Hélène, 35 ans
Par Roxanne D’Arco. Publié le 28/06/2017 sur Respect Mag.