« L’ÉTÉ OÙ JE SUIS DEVENUE OBÈSE »

« Ce qui gêne les gens, c’est mon poids : 150 kg et 1,53m. J’ai décidé d’écrire pour ne plus m’excuser d’exister. » Gabrielle Deydier sort On ne naît pas grosse, une enquête journalistique sur le traitement que la société réserve aux grosses.

ON NE NAÎT PAS GROSSE

on-ne-nait-pas-groe.jpg

Ce chapitre est un extrait de On ne naît pas grosse, de Gabrielle Deydier, aux Editions Goutte d’Or.
(Vendu 15 euros.)

« Ce qui gêne les gens, c’est mon poids : 150 kg et 1,53m. Après avoir été méprisée pendant des années, j’ai décidé d’écrire pour ne plus m’excuser d’exister. De là est née cette enquête journalistique dans laquelle j’affronte mes tabous et mon passé, et où je décortique le traitement que la société – professionnels adeptes de la chirurgie de l’obésité, magazines féminins, employeurs – réservent aujourd’hui aux grosses. »

Septembre 1995. J’ai 16 ans, je veux être belle et bien habillée pour la rentrée. Il y a des Levi’s à 350 francs (53 euros) chez Continent. J’en essaye un en taille 40, je parviens tout juste à le fermer. C’est sans doute à cause de ma cambrure. Je me rabats sur un 42. J’arrive chez moi, montre mon trésor à ma mère. Elle écarquille les yeux.

— C’est quelle taille, ça ? C’est immense !
— Le 40 était trop juste…
— Quoi ? Tu ne rentres plus dans du 40 ? Mais c’est pas possible, tu vas éclater ! Tu as dépensé tous ces sous pour un pantalon taille 42 ? Mon Dieu, du 42 ! Ma fille s’habille en 42… C’est une taille pour obèse ça !

Ma mère est maigre. À cette époque-là, elle s’habille en 34. Pour elle, porter du 38 équivaut à être grosse. Pourtant, la taille moyenne portée par les Françaises se situe à mi-chemin entre 40 et 42.