Naëm Bestandji : « En luttant contre l’islamisme, on lutte aussi contre l’extrême droite »

Les politiques, les associations et les intellectuels auraient été mieux armés politiquement et intellectuellement si le terrain avait été celui du sexisme. Le voile des musulmanes – voile islamiste dirais-je puisque je le considère comme tel – est préconisé pour des raisons sexistes et rétrogrades. Il n’y aucun argument émancipateur, moderniste, féministe et spirituel. C’est uniquement pour des questions sexistes, celles de protéger la femme, qu’elle ne soit pas vue avec les mèches de cheveux qui puissent exciter des hommes du Moyen Âge. Peu importe que le voile soit d’une forme moderne, peu importe qu’il ait des couleurs, peu importe qu’il soit fashion : la fonction qu’il a, les raisons pour lesquelles il a été créé, sont pour moi choquantes et très rétrogrades. Ce n’est pas l’islam qui est concerné puisque le Coran ne le prescrit pas. C’est une instrumentalisation faite par les intégristes.

« S’il y avait une idéologie qui n’était pas de l’ordre du spirituel, qui justifiait le voile pour des raisons politiques avec les mêmes arguments techniques que les islamistes, personne ne laisserait passer ça »

Le fait de sortir le voile de la religiosité permet d’amener le débat sur son terrain véritable. C’est là toute l’erreur des politiques et de beaucoup de militants laïques qui sont pro-voile. Je pense à l’Observatoire de la laïcité… Ils valident l’idée que le voile serait musulman car des musulmans disent qu’il est musulman. Ils n’écoutent pas les musulmans qui disent « non, le voile n’est pas musulman ». Ils n’ont pas fait l’effort de chercher, de savoir ce que signifie réellement le voile, qui le prescrit et pourquoi. Ils n’ont fait qu’écouter la voix des intégristes pour dire ensuite : « Il faut faire une loi sur la laïcité, sur les signes religieux à l’école, etc ». C’est pareil dans les associations, dans les piscines, dans les municipalités. On parle toujours de convictions religieuses, ce qui fait qu’on a tendance à accepter ce qu’on n’accepterait pas si c’était une idéologie uniquement politique. S’il y avait une idéologie qui n’était pas de l’ordre du spirituel, qui justifiait le voile pour des raisons politiques avec les mêmes arguments techniques que les islamistes, personne ne laisserait passer ça.