Naëm Bestandji : « En luttant contre l’islamisme, on lutte aussi contre l’extrême droite »

Il y a aussi des lieux de culte qui étaient auparavant plutôt tenus par les pays d’origine, comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie. Il y a eu un basculement dans les années 1990, où les islamistes sont arrivés en France et fuyaient la répression dans leurs pays. Ils ont commencé à verrouiller les lieux de culte en France. Il y a des luttes de chapelle pour contrôler tel lieu de culte. Les Frères Musulmans contrôlent telle salle de prière, le Consulat algérien telle autre.  Avant, les lieux de culte étaient tenus uniquement « par nationalité » je dirais. Aujourd’hui, ils sont aussi tenus par telle frange de l’islam. Il y a aussi un autre phénomène auquel on pense peu : les cours d’arabe. Quand j’étais petit, les cours d’arabe étaient donnés par les MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) ou par le Consulat, dans des lieux laïques. Petit à petit, un basculement s’est produit. Les cours d’arabe ont commencé à être donnés par des associations religieuses, qui se présentent comme culturelles mais qui sont cultuelles. Il y a eu un transfert, il n’y a plus de cours d’arabe dans les MJC. Ce sont des religieux qui donnent des cours d’arabe. Ce sont des évolutions que je ne suis pas le seul à avoir constatées. Les religieux les plus populaires qui donnent des conférences sur l’Islam sont des intégristes, comme Tariq Ramadan.