« Autopsie de la Bible » : entretien avec Thomas Römer

Puisque nous sommes dans les questions difficiles, la Bible, l’objet biblique, pour vous, c’est quoi ?

Difficile et vaste, en effet. Que dire ? C’est l’une des oeuvres les plus importantes qui a marqué l’histoire de l’humanité, qui la marque encore aujourd’hui. C’est pour une grande partie de l’humanité, et jusqu’à aujourd’hui, une source de spiritualité et de convictions religieuses. Mais, à mon avis, justement, elle doit être examinée de manière aussi objective et neutre que possible. Elle peut être lue de différentes manières. On peut la prendre comme « l’Épopée de Gilgamesh », comme les épopées homériques ou comme le fondement d’une conviction religieuse, d’une foi, qu’elle soit communautaire ou individuelle. L’Europe, comme l’Amérique se sont construites en très grande partie, tant au niveau de leur idéologie que de leur identité, en se référant aux traditions bibliques, aux grands textes, que ce soit l’Exode, ou les Dix Commandements qui, souvent, sont cités comme étant un peu à l’origine de la démocratie occidentale. On ne peut pas dire que « c’est une histoire privée de s’occuper de la Bible », car c’est un document absolument fondamental pour comprendre notre civilisation.