« Autopsie de la Bible » : entretien avec Thomas Römer

Mais évidemment, rien n’est jamais inventé à partir de zéro. Les textes bibliques ne sont pas des inventions au sens où quelqu’un se serait dit un matin, comme un auteur de roman : « aujourd’hui, je vais inventer l’Exode ou je vais inventer la Conquête ». À propos des mythes, le grand égyptologue Jan Assmann dit : « Il y a toujours des traces de mémoire ». Ainsi, sur l’Exode, il peut y avoir la mémoire de conflits entre des nomades qu’on appelle Hapirou qui sont peut-être même liés étymologiquement au terme hébreu ou d’autres nomades, les Shasou, dont on peut imaginer que certains avaient vénéré un dieu, qui était peut-être l’origine de Yahvé. Il y a peut-être même le souvenir des Hyksos, expulsés d’Égypte après le traumatisme d’Akhenaton. Mais ça ne veut pas dire pour autant que ce qu’on lit dans le livre de l’Exode est un récit historique.