« Autopsie de la Bible » : entretien avec Thomas Römer

Ce qui est frappant, c’est à quel point la Bible reste un texte ouvert. Une version n’efface pas la précédente, et volontairement, les incohérences sont maintenues, comme si on voulait par ce moyen combattre toute forme de fondamentalisme, peut-être même, lutter contre une idolâtrie du texte.

Tout à fait. Cette idée de « Sola Scriptura », l’Écriture seule, peut mener dans certains courants du protestantisme au littéralisme et au fondamentalisme. Il y a, si on reprend vos termes, le risque d’une idolâtrie du texte. Dans le judaïsme, quand le Deutéronome dit « Untel, untel qui fait ça sera exterminé de la surface de la terre », les rabbins, commentent : « Cela veut dire simplement qu’il sera exclu de la synagogue ». Ils savent très bien qu’ils vont contre le texte, mais ils cherchent une lecture qui est compatible avec une idée profonde de qui est Dieu, ce qu’est la vie, ce que sont les hommes. Et cela, je crois que le texte biblique, le montre si on le lit attentivement.