« Autopsie de la Bible » : entretien avec Thomas Römer

C’est quand même assez choquant parce que cela signifie que l’histoire de Moïse, la fuite d’Égypte, la traversée de la mer Rouge, la défaite de Pharaon et de ses armées est un mythe fondateur ? 

En effet. Mais pourquoi le terme « mythe » est-il si péjoratif ? On a l’habitude d’opposer le mythe à l’histoire. Comme si ce qui est historique était vrai et ce qui était mythique, faux. Ce ne sont pas des catégories qui s’opposent aussi facilement. Les milieux très littéralistes reprochent aux exégètes universitaires d’être trop rationalistes. Mais au fond, ce sont eux qui ont une attitude positiviste par rapport au texte, comme s’il fallait que tout se soit passé comme c’est écrit. Or sauf exceptions, personne ne croit plus que la terre a été créée en sept jours et que le soleil et la lune sont accrochés en haut d’un firmament qui serait une grosse cloche à fromage. Pourtant, quand on arrive au récit des Patriarches et à Moïse, on voudrait que ça se soit vraiment passé ? Quand on lit le texte attentivement, on se rend compte que ça ne peut pas être un récit historique. C’est un récit théologique, et à mon avis, le récit biblique ne s’en cache même pas.