Parler de la banlieue normalement

Balconies of apartments buildings are pictured at the Chene Pointu housing estate on November 13, 2017, in Clichy-sous-Bois, northern Paris. / AFP PHOTO / LUDOVIC MARINLogements au Chêne Pointu, à Clichy-sous-Bois, le 13 novembre 2017. (AFP / Ludovic Marin)

C’est une question de responsabilité que l’on s’est souvent posée avec mes collègues de Bobigny, Sarah Brethes, Tiphaine Le Liboux et Myriam Lemétayer. Le plus souvent autour d’une salade Sodebo dans notre bureau situé derrière le TGI.

Nous avions conscience de marcher sur une corde raide : si parler à longueur d’articles de ce qui ne va pas peut avoir des effets stigmatisant, s’efforcer à l’inverse de toujours montrer la banlieue sous son meilleur jour est également problématique.

Une chose est sûre: il y a peu d’endroits où la question de la responsabilité du journaliste ne se pose aussi fortement.

Et cela d’autant que l’AFP est le seul média national – et a fortiori international – à disposer de trois bureaux en région parisienne, à Bobigny, Nanterre et Créteil, où travaillent neuf journalistes à plein temps. La « prime » au 9-3, – la Seine-Saint-Denis étant perçue comme un concentré des maux de la société française, l’envers de son fameux « modèle » ainsi qu’un démenti cinglant à sa prétention d’être la pointe avancée de la civilisation -, fait que nos articles sont souvent traduits pour les « fils » étrangers de l’agence et suscitent un grand intérêt auprès de nos clients anglo-saxons.