Parler de la banlieue normalement

L’histoire de Lamine montre assez combien est déplacée l’injonction à montrer le côté positif de la banlieue.

Notre travail consiste à rapporter ce qui se passe.

Pas seulement ce qui se produit d’exceptionnel – homicide ou sauvetage héroïque – mais le quotidien des vies ordinaires : les pannes d’ascenseur ; la mère de famille immigrée qui s’inquiète que son fils n’ait pas de prof de français depuis la rentrée; le diplômé arabe, trentenaire et père de famille, qui se demande s’il arrivera un jour à décrocher autre chose qu’un CDD d’été à Roissy; le chauffagiste juif qui a une petite entreprise qui tourne, mais décide, la mort dans l’âme, d’émigrer en Israël parce qu’il n’en peut plus de se faire insulter à chaque fois qu’il sort avec une kippa sur la tête.

Les petites et grandes injustices que subissent sans bruit ces gens ordinaires, dont les aspirations peuvent se résumer à trois choses: un travail qui permette de vivre, un logement décent et, surtout, une école qui garantisse la réussite de leurs enfants.