Esclavage, mémoire et plaques de rue : à Bordeaux, un «tabou tombe» en catimini

Depuis mercredi, dans l’ex-deuxième port négrier de France, les noms des esclavagistes bordelais présents sur des plaques de rue sont accompagnés d’explications historiques.

article par Eva Fonteneau publié sur le site libération.fr, le 10 06 2020

La municipalité de Bordeaux l’assure : «C’est un hasard de calendrier.» Mais il résonne fortement avec l’actualité. Alors que dimanche des manifestants déboulonnaient à Bristol – une ville du sud-ouest de l’Angleterre au passé esclavagiste et jumelée à Bordeaux – la statue d’un marchand d’esclaves du XVIIe siècle pour protester contre la mort de George Floyd aux Etats-Unis, les services de la mairie de Bordeaux ont déboulonné mercredi matin, en toute discrétion… des plaques de rue. Cinq au total, portant des noms de négriers. Les appellations n’ont pas disparu, mais elles laissent place à de nouvelles plaques explicatives qui décrivent le rôle de ces négociants bordelais qui se sont tous enrichis grâce à la traite négrière.