Nick Perry, journaliste, correspondant de l’Agence France Presse basé en Asie couvre l’actualité du drame des Rohingyas depuis le début. Il raconte ici ses différents états d’esprit tout au long de la crise. Un témoignage passionnant sur les coulisses du métier de journaliste de terrain…
article publié sur le blog making of de l’AFP, le 6 09 2018
Cox’s Bazar (Bangladesh) — Ca a commencé avec un homme qui sanglote, un deuxième qui se met à pleurer, et puis un autre encore. Très vite, toute la colline s’est animée dans une plainte unique et émouvante, avec des centaines de réfugiés Rohingya, en prière, les paumes tournées vers le ciel de mousson, pleurant leurs morts et faisant le deuil d’une patrie qu’ils pourraient ne jamais revoir.Ce brusque accès de douleur m’a pris par surprise, et les yeux m’ont piqué rapidement.
Quelques instants avant, ces mêmes réfugiés affichaient pourtant un air de défi, marchant dans la chaleur du mois d’août entre les tentes de leur campement, -proche de la frontière du Bangladesh avec la Birmanie-, les poings levés et clamant : « Nous réclamons justice », pour marquer le premier anniversaire de la fuite, à la pointe du fusil, de leur village.