Maroc , manifeste des 490 : «L’amour n’est pas un crime»,

Renverser l’absolutisme masculin
Les souffrances sociales personnelles, souvent extrêmes, de ces millions de femmes sont devenues des problèmes sociaux transformés, par leur refus de se soumettre et leur exigence de justice, en problèmes de société. Ce Manifeste des 490 dit explicitement que les corps des signataires sont des corps qui refusent de se soumettre et par lesquels advient aussi le politique. L’Etat et ses diverses polices (avec pour supplétifs les hommes en général dans ces sociétés) ont, quant à eux, parfaitement perçu la menace politique que représentaient des corps en liberté dans l’espace public, en particulier lorsqu’il s’agit de celui des femmes. Plus profondément, ce qui est à la fois heurté et troublé dans ce manifeste des 499, c’est l’articulation entre l’espace privé et l’espace public et la place de l’Etat dans le champ de la sexualité. Disons-le, la sexualité humaine est un phénomène social total. A la fois nature et socialisation. Dire son opposition aux lois des puissants dans les domaines de la sexualité, c’est entrer en résistance ; autrement dit faire de la politique contre le «souverain» (terrestre et divin), mais aussi contre tous les petits tyrans ordinaires et les millions d’autoentrepreneurs en morale religieuse.