Isoler ou « réinsérer » ? Le dilemme de la prison face aux personnes impliquées dans des affaires de terrorisme

Aucun élément matériel ne permet de caractériser une volonté de commettre un attentat sur le territoire français, comme le reconnaîtra la justice lors du jugement de première instance. Mais les deux aînés sont placés en détention provisoire. Une mesure qui s’est quasi systématisée dans ce type de dossiers depuis les attentats de janvier 2015.

La détention provisoire systématique répond à une injonction de l’opinion publique et du politique. Les juges ne sont pas dans des bulles.Une source pénitentiaireà franceinfo

Salim M., considéré comme le leader, est incarcéré à Fresnes et Ahmed M. rejoint Fleury-Mérogis. À partir de là, le parcours des deux frères va complètement diverger.

La maison d\'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), le 14 décembre 2017.
La maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), le 14 décembre 2017. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Pas le droit de travailler, ni d’étudier

Ahmed M. n’a pas le droit de travailler en détention. Cette restriction, fréquente pour les détenus considérés comme jihadistes, vise à limiter le risque de prosélytisme. Une mesure « en totale contradiction avec l’objectif de réinsertion », estime le contrôleur général des lieux de privations de liberté dans son rapport 2017. Ahmed M. a néanmoins eu, au début, le droit d’étudier. Le jeune homme, décrit comme le « plus brillant » de la fratrie, a arrêté ses études en première année de bac pro. Il souhaite passer un bac L et quinze heures de cours par semaine. Mais les attentats du 13-Novembre changent la donne. Les conditions de détention se durcissent à l’égard de tous les détenus mis en cause pour une infraction à caractère terroriste, quel que soit leur degré d’implication. Conséquence : Ahmed est désinscrit du scolaire.