Isoler ou « réinsérer » ? Le dilemme de la prison face aux personnes impliquées dans des affaires de terrorisme

De mémoire d’avocat spécialisé dans la défense des détenus AMT, une telle réduction de peine en appel est « rarissime » en matière de terrorisme. Selon Clémence Witt, le conseil d’Ahmed M., les conditions de détention« inhumaines » de son client ont interpellé la cour, alors qu’« aucun juge n’en avait tenu compte auparavant ».

Son parcours en prison illustre l’échec de la politique carcérale à l’égard de ces détenus.Clémence Witt, avocate d’Ahmed M.à franceinfo

Le procureur de la République de Paris, François Molins, s’est lui-même inquiété, en mai dernier, de l’impact de la détention sur ces personnes étiquetées « TIS » (pour « terrorisme islamiste ») : « On court un risque majeur qui est celui de voir sortir de prison à l’issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis, qui risquent même d’être encore plus endurcis compte tenu de leur séjour en prison. » Des détenus qui auront connu un parcours similaire à celui d’Ahmed M.

Une détention provisoire systématique depuis l’attentat contre Charlie Hebdo

Ce jeune homme a été interpellé en région parisienne avec son grand-frère Salim M., 27 ans, en juillet 2015. Les services de renseignement les surveillaient depuis plusieurs semaines et saisissent, à partir d’écoutes, des propos violents à l’égard des juifs et des « mécréants ». En compagnie du cadet, âgé de 13 ans, la fratrie finit par tenter de rejoindre la Syrie mais se fait refouler à la frontière turque. Ils sont cueillis peu de temps après leur retour en France.