Quand l’islam acceptait la critique et l’homosexualité

L’affaire Mila a défrayé la chronique. Est-il besoin de revenir dessus ? Oui ; car il est fondé de s’interroger sur ce feu roulant de quolibets, souvent homophobes, essuyé par cette jeune adolescente pour ses propos injurieux à l’égard de l’islam. Cette violence verbale, allant parfois jusqu’à la profération de menaces de mort, conjugue ‘ »blasphèmophobie’ » aiguë et détestation de l’altérité homosexuelle. D’aucuns diraient qu’elle doit « assumer » car l’irrévérence religieuse est un crime de lèse-allahité en islam. Tel fut l’avis, regrettable mais non représentatif, du délégué général du Conseil français du culte musulman. Première institution islamique dans l’histoire de notre pays, la Grande Mosquée de Paris, pour sa part, a appelé, par l’intermédiaire de son nouveau Recteur, Chems-eddine Hafiz, au respect de la pluralité des opinions même si celles-ci devaient heurter la sensibilité des croyants. Car le blasphème fait partie de la culture française dont l’une des dimensions est l’irrévérence religieuse ; un leg du Siècle des Lumières. Mais sait-on que l’Islam, en tant que civilisation, n’a pas toujours eu un rapport crispé au blasphème et à l’altérité homosexuelle ? Plus surprenant encore, un humour typiquement musulman, se moquant parfois ouvertement du Sacré, va se développer dans tout l’Orient islamique. Parallèlement à ce phénomène, trop méconnu, une culture homoérotique connaitra un véritable essor sous les Califats abbasside et ottoman…