Il m’expliqua que c’était grâce à son père, à l’éducation que cet homme pieux leur avait donnée, à son frère et à lui. Soudain il consulta son portable et me dit qu’il devait partir, justement pour s’occuper de son père, qui était en fauteuil roulant.
Je le poussai à m’en dire plus, alors il m’expliqua que jusqu’à récemment, son père vivait en HLM à Meaux, en Seine-et-Marne, mais l’ascenseur étant toujours en panne, il ne pouvait plus sortir de chez lui. Au début, les gens le portaient, ainsi que son fauteuil. Un jour, il était resté toute une nuit dehors. Après ça, il avait décidé d’abandonner son logement et vivait à présent à l’aéroport, à Roissy.
Je lui demandai si je pouvais faire quelque chose pour lui, au moins le conduire à l’aéroport? Mais, après avoir empoigné son sac à dos, il avait déjà attrapé au vol un de ces bus à trois chiffres qui, plus encore que les HLM, sont désormais indissociables pour moi de la « banlieue ».
Je repense souvent à ce garçon et à son père, ce héros de la République qui mériterait une distinction pour avoir, malgré tout, élevé son fils de sorte qu’il devienne quelqu’un de bien.