Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes. Pour nous en détacher, il nous faut le reconnaître.

En comparaison, dans le reportage de 1977, alors que la lutte pour les droits civiques aux États-Unis avait fait quelque peu évoluer les mentalités, « ce n’est pas parfait, mais l’auteur reconnaît l’oppression », indique Mason. « Les Noirs sont photographiés. Leurs opposants le sont aussi. C’est un article très différent. »

Si l’on avance un peu dans le temps, au reportage sur Haiti datant de 2015, lorsque nous avions donné à de jeunes Haïtiens des appareils photos pour qu’ils documentent la réalité de leur monde, « les images des Haïtiens sont très, très importantes, » explique Mason, et pourtant elles auraient été « impensables » quelques décennies plus tôt. Tout comme l’auraient été notre couverture des conflits religieux et ethniques, des questions de genres, des réalités de l’Afrique moderne, et bien plus encore.