Plus précisément, quel est le sens du mot ? Il faut distinguer, selon l’universitaire, « d’un côté le sens lexical et juridique, celui du dictionnaire ou d’institutions qualifiées, et de l’autre le sens discursif, c’est-à-dire les usages politiques, médiatiques ou courants du mot ». Le premier a peu évolué, même s’il n’y a aucune définition juridiquement reconnue. Les Nations unies définissent par exemple des catégories de migrants en fonction de la durée de séjour dans leur pays d’accueil. En revanche, les représentations et usages du mot sont mouvants. Là où le terme « migration » pouvait avoir une connotation aventurière, « les migrants d’aujourd’hui sont assimilés à l’illégalité, la clandestinité, la pauvreté, et même parfois au terrorisme », analyse la chercheuse. « Un migrant, dans l’acception mainstream, c’est un homme jeune qui vient d’un pays musulman pauvre », poursuit-elle. Et ces images mentales varient non seulement dans le temps, mais aussi dans l’espace, d’un pays à l’autre. Aux Etats-Unis, les imaginaires se focaliseront plutôt sur des personnes venues d’Amérique latine.
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