Paris : plus de 2000 migrants campent parmi les rats et les déchets, une situation « explosive »

Plus de 2 000 personnes sont actuellement recensées à la porte d’Aubervilliers, porte de la Chapelle et porte de la Villette par les associations. Un chiffre « rarement vu », affirment les ONG qui déplorent « l’épuisement » de leurs équipes face à des migrants exaspérés, avec qui le lien de confiance est devenu très fragile.

article de Charlotte Boitiaux publié sur le site infomigrants.net, le 14 09 2019

« Chaque matin, je me félicite qu’il n’y ait pas eu d’incident grave la veille. C’est un miracle quotidien que la situation tienne ». Les propos de Pierre Henry, le directeur général de France terre d’asile (FTDA), rendent compte de l’atmosphère délétère qui règne actuellement dans les camps de migrants du nord de la capitale. Plus de 2 000 migrants, en majorité des hommes jeunes et seuls, vivent là, au milieu des rats, des ordures, des excréments, de l’urine, entre les échangeurs du périphérique de la porte de La Chapelle, de l’autoroute A1 et les nouveaux quartiers de la Porte d’Aubervilliers.
« On n’a jamais eu autant de monde, à cette même période, depuis 2015 », s’alarme à son tour Marie, membre de l’Armée du Salut qui distribue les petits-déjeuners, boulevard Ney, dans le 18e arrondissement. « Il y a toujours eu beaucoup de personnes mais là, nous comptabilisons entre 650 et 750 passages chaque matin, c’est du jamais-vu depuis le début de l’année », affirme-t-elle. Avant l’été, l’Armée du Salut comptabilisait entre 400 et 500 passages.
Pour les associations, cette hausse du nombre de personnes dans les camps s’explique en premier lieu par la sédentarité de nombreux migrants. « Beaucoup sont là depuis des mois, voire des années. Ils ont été envoyés en centres d’hébergement, puis expulsés de ces mêmes centres d’hébergement. Alors, maintenant, ils restent dans les camps », explique Lola, de l’association Utopia 56. « Ils savent comment fonctionne le système et ils savent qu’il ne marche pas. Ils ne montent même plus dans les bus [pour aller dans des centres d’urgence] lors des opérations de mises à l’abri [de la préfecture]. Ils disent que ça ne sert à rien ».