Mamadou Gassama, le premier jour du reste de sa vie

Son premier réflexe a été d’appeler Lassana Bathily, le héros de l’Hyper Cacher. « Je les ai laissés tous les deux dans mon bureau, pour qu’ils puissent discuter librement de leur expérience », explique Djeneba Keita. « Lassana est devenu comme un frère », sourit Mamadou.

Reconnu dans la rue

Après deux mois de silence, « pour prendre le temps de se poser, de s’adapter et de se préparer » à rejoindre les pompiers, le héros a accepté de sortir de sa discrétion. Sollicité trois fois en 200 m par des passants souhaitant se prendre en photo avec lui, il s’attable timidement dans un café, entouré de son frère aîné et de Djeneba, qui le couve comme une mère poule. Ensemble, ils l’aident parfois à rendre la discussion plus fluide, les cours de français qu’il suit depuis quelques mois ne lui permettant pas encore de toujours trouver ses mots.

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Mamadou (au centre), reconnu par des passants à Montreuil (Seine-Saint-Denis)./LP/A.F.L’air un peu gêné de parler de lui, Mamadou raconte son histoire qui commence bien avant le sauvetage du 26 mai dernier. Dans son Mali natal, il n’est jamais allé à l’école. « Je cultivais le mil avec ma famille. » Il rêve de l’Europe, où vivent ses deux frères aînés. A 15 ans, il se lance, seul, dans un voyage d’un an. « Je suis passé par le Burkina, le Niger, la Libye… » Mamadou passe sous silence l’esclavage, la torture et les geôles qu’il a connus là-bas. Sa première tentative d’atteindre l’Italie échoue. Il y parvient finalement, après avoir été récupéré en mer par un navire humanitaire. « C’est là-bas que j’ai commencé à faire de la musculation, avec des copains qui allaient à la salle », se souvient-il.

Naturalisé, logé et médaillé

Un loisir qui lui permettra de grimper à la force de ses bras, en une trentaine de secondes, la façade d’un immeuble de la rue Marx-Dormoy, le 26 mai dernier. Ce soir-là, son grand frère Diaby est contacté par la police et les pompiers. « J’ai abandonné la Ligue des champions pour le rejoindre à l’hôpital Lariboisière où il devait être ausculté après ses efforts », se souvient-il avec fierté.