Champigny : le « collectif citoyen » veut peser sur les municipales

Champigny Jeunesse entend créer des « antennes » dans chaque quartier de la ville pour « compenser l’absence des élus sur le terrain ».

article de Corentin Lesueur publié sur le site leparisien.fr, le 30 09 2019

À qui verrait dans la « fracture entre citoyens et élus » un concept légèrement surfait, un petit tour au comptoir du bar du Bois-l’Abbé suffira à en saisir la pertinence.

« Les élus ? Ils vont venir avant les élections, ils vont t’expliquer comment et pourquoi voter pour eux, et après on ne les verra plus pendant des années », souffle Jamel, un des gérants du bistrot. Les lèvres jamais loin de sa tasse de café, Fernand, 57 ans, ne dit pas autre chose : « Moi, je ne vote plus, ça ne sert à rien. Les choses se sont dégradées dans le quartier [du Bois-l’Abbé]. Leurs promesses, on n’en voit jamais la couleur. »

De cette « fracture » avec les acteurs publics ont émergé des personnalités, sollicitées pour les « questions du quotidien ». « Maintenant, j’ai pris le réflexe de demander à Samir, raconte Julien, 24 ans. C’est lui qui m’a aidé à refaire ma lettre de motivation et mon CV quand je cherchais du travail [dans le prêt-à-porter]. Il a fait le boulot de la mission locale. Eux ne m’ont jamais aidé, que des propositions de formation dans la manutention. »

« Trop d’élus ont abandonné le terrain »

Samir Rekab de son nom. 26 ans, chauffeur VTC et fondateur du collectif Champigny Jeunesse, il y a quatre ans. Surtout présente sur les réseaux sociaux, l’organisation aimerait profiter des municipales, au printemps, pour « permettre aux habitants de se faire entendre ».

« Trop d’élus ont abandonné le terrain, décrit Samir. Alors on a décidé de compenser cette absence. Notre objectif est simple : faire que le citoyen ne soit plus spectateur mais acteur de la marche de sa ville. Et pour ça, on veut participer aux décisions. » Jusqu’à constituer une liste aux prochaines élections ? « On y réfléchit sérieusement », assure celui qui compte mettre sur pied des « antennes » du collectif dans chaque quartier de Champigny.

Porte à porte et réunions ouvertes à tous

D’ici là, Champigny Jeunesse, qui veut désormais brasser plus large que son nom l’indique (« on est davantage un collectif citoyen »), se lance dans les porte-à-porte et autres « réunions ouvertes à tous ». « Mais ce n’est pas évident, reconnaît Samir. Beaucoup ont déjà abandonné et ne font plus du tout confiance, tellement ils ont été déçus. »

« Il n’y a que ce genre de groupe et de nouvelles têtes qui pourraient me motiver à aller voter, lâche Stéphanie, aide soignante de 47 ans. Les élus de cette ville, j’ai l’impression de toujours les avoir connus. Eux et leurs promesses. Mais on a besoin d’autre chose, de sentir que ce qu’on dit est écouté. »

« C’est tout ça qu’on veut porter », abonde Samir, qui balaie déjà les risques qu’un politique de métier veuille lui mettre le grappin dessus : « Ils ont déjà essayé. »