Gérard Noiriel : « Eric Zemmour légitime une forme de délinquance de la pensée »

Drumont a été le premier à exploiter cette logique nouvelle. Il fait scandale en insultant ses adversaires pour que ces derniers le provoquent en duel ou le traînent en justice, ce qui alimente sa notoriété et son statut de victime. C’est ainsi que Drumont est devenu un « bon client » pour les journalistes de son temps. La majorité d’entre eux n’étaient sans doute pas antisémites. Mais comme ses scandales à répétition permettaient de gonfler les tirages, la grande presse les a amplement relayés, légitimant du même coup la prose de Drumont. Il faut dire que personne ne pouvait imaginer à cette époque les horreurs auxquelles conduiraient ces délires.