Cette profession, je pense qu’elle est sacrée. Je suis très prudent, s’il y a un doute ou un truc pas réaliste, je ne filme pas.
Traiter avec vous, journalistes vivant à l’étranger et hors de la zone assiégée, c’est comme ma fenêtre pour faire parvenir le message au monde extérieur.
Les massacres et les bombardements, c’est devenu habituel, tout comme les images des enfants sous les décombres, des blessés, les corps déchiquetés. Je suis blasé, ce n’est plus comme avant. Fin 2012, lors du premier massacre, quand j’ai vu un homme à la jambe arrachée, je me suis senti mal et me suis évanoui à la vue du sang, car c’était la première fois. Maintenant c’est une scène habituelle pour moi.
Mais le plus dur, c’est de revoir la maison familiale. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu la force d’y aller. Depuis 2014, c’est la seule zone à Alep que je préfère éviter, je ne pourrais pas le supporter. Cela raviverait mes souvenirs. On m’a dit que l’immeuble s’est effondré… Karam Al-Masri