Couvrir Alep, la peur au ventre et le ventre vide (making of 1)

J’ai perdu ma famille début 2014, quand j’étais encore prisonnier de Daech. Un baril d’explosifs a été largué sur notre immeuble, qui s’est totalement effondré. Tous les habitants ont péri, dont mes parents. Je ne l’ai su que lorsque je suis sorti de prison. Mes copains ont tenté de me dissuader d’aller chez moi puis m’ont raconté ce qui s’est passé. Je suis resté un mois, complètement désespéré. Non seulement je n’ai rien su du sort de mes parents quand j’étais en prison mais, quand je suis sorti, ils n’étaient plus là. Ils ont attendu de mes nouvelles et, à la fin, ils n’ont pas pu se réjouir de ma libération.

Quand le siège a commencé en 2016, j’avais 25 ans. Pour moi le siège était bien moins douloureux que la prison et la perte de mes parents.