Depuis ce week-end, des manifestants bloquent l’accès au camp de Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe, où croupissent déjà, dans des conditions d’insalubrité inouïes, près de 20 000 personnes. Un blocage destiné à éviter qu’on y conduise les nouveaux arrivants, près de 400 ces deux derniers jours sur l’île de Lesbos seulement. C’est beaucoup, mais ce n’est pas non plus (pour le moment) le raz-de-marée brandi comme une menace par le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui veut contraindre les Européens à s’impliquer d’avantage dans la guerre en Syrie. Abandonnés par Bruxelles (qui ne s’est jamais souciée de ces réfugiés cantonnés sur des îles lointaines) et bercés de promesses (qui se sont vite révélées illusoires) sur un règlement rapide du problème par le nouveau gouvernement conservateur grec élu en juillet, les habitants de Lesbos savent qu’ils se retrouveront à nouveau seuls pour gérer ces réfugiés supplémentaires, encouragés par Erdogan à se rendre en Grèce. Des encouragements qui ne se limitent pas aux paroles : lundi matin, une embarcation venue de Turquie avec 46 personnes à bord a été aperçue au large, accompagnée par un bateau des gardes-côtes turcs. Lequel a fait demi-tour au moment où la barque est entrée dans les eaux territoriales grecques. Immédiatement, elle a alors coulé, tous ses occupants se retrouvant à l’eau. Les secours grecs n’ont pu empêcher la mort d’un petit garçon syrien de 4 ans. Première victime de ce conflit entre la Turquie et l’Europe, dont la Grèce est le champ de bataille. Et l’arme fatale, des êtres humains désespérés.
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