Maintenant, les daaras sont de plusieurs natures. Il en existe d’ailleurs de multiples. On peut en créer sans aucun contrôle. Cette situation ne saurait perdurer compte tenu des aspects pervers que l’on constate aujourd’hui et qui peuvent se résumer, pour l’essentiel, dans l’exploitation des enfants. Cela est insupportable. L’idée que les enfants puissent être exploités sous prétexte d’éducation dans les daaras, qu’on puisse les mettre dans la rue pour mendier à un point tel qu’on se demande où ces enfants trouvent le temps d’étudier, c’est inacceptable et pour la religion et pour l’État dont la mission première est la protection des citoyens. C’est la raison pour laquelle une loi a été prise. Mais il faut bien se rendre compte que, dans la réalité des daaras, foisonnantes et multiformes, où certaines mènent réellement leur mission d’éducation coranique, d’enseignement islamique et d’autres pas, car elles sont davantage des organisations informelles permettant d’exploiter des enfants, il était très difficile de faire le tri. Par conséquent, il était bon qu’une loi fût adoptée parce qu’un texte législatif, au-delà de ses effets concrets et contraignants, signale toujours la direction vers laquelle la société entend cheminer. Il fallait donc qu’une loi fût prise pour signaler que le Sénégal, à l’instar d’autres pays, était décidé à moderniser cet enseignement, à faire en sorte qu’il serve l’épanouissement des enfants et non leur exploitation. Cela dit, le contrôle de l’application de cette loi sur le terrain est extrêmement difficile. Par exemple, celle-ci prévoit qu’on puisse retirer les enfants de la rue pour les mettre dans des centres spécialisés en cas d’abus avant de les rendre à leurs parents. Mais, en pratique, la collaboration des daaras en l’espèce n’est pas toujours assurée. Et, par ailleurs, on se heurte aussi à l’irresponsabilité de bien des parents.
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