Souleymane Bachir Diagne : « L’éducation est la seule vraie réponse aux défis auxquels l’islam fait face »

Mais, une fois qu’on a dit cela, on fait aussi le constat de tendances contraires du fait d’interprétations rigoristes et littéralistes, mais surtout exclusivistes. Rigorisme ou littéralisme ne sont pas le problème; car toutes les interprétations ont droit de cité en islam. Après tout, on ne va pas faire la police des interprétations. Mais le problème, avec les interprétations rigoristes et – il faut le dire – salafistes, c’est qu’elles sont exclusivistes. Seul l’exclusivisme est le problème, car, quand vous adoptez une telle posture, vous estimez que votre interprétation est la seule valide et qu’elle annule toutes les autres. Donc la tentation de l’excommunication est là, la tentation de la violence est là. Je ne dis pas que les salafistes sont nécessairement violents. En général, ils ne le sont pas. Mais l’idéologie exclusiviste de la « pure » religion que l’on serait seul à représenter est ce dont se nourrit précisément la violence. Cette tendance-là est réelle. Elle peut aller ici ou là à l’encontre de la tradition dont je viens de parler. Mais, l’un dans l’autre, j’ai le sentiment que la tradition d’un islam soufi, pluraliste, ouvert et tolérant est une tradition relativement solide sur le continent africain.

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Pensez-vous, par exemple, qu’il faille réfléchir à la lutte contre l’extrémisme islamiste à travers l’éducation. Si oui, comment ?