Pourquoi, à votre avis, est-il nécessaire de séparer le religieux du politique ?
C’est une mesure de sauvegarde simple. D’abord parce qu’il faut sauvegarder le pluralisme, et la meilleure manière de le faire, c’est d’avoir un État qui soit à équidistance des confessions religieuses. Et la seule manière de le garantir, c’est que le politique soit séparé du religieux. Maintenant, cela ne veut pas dire qu’il faille nécessairement adopter une forme agressive de laïcité qui chercherait à éliminer complètement les religions de la sphère publique. Le Sénégal, par exemple, ne s’est pas engagé dans cette voie. Le premier président du pays, Léopold Sédar Senghor, a théorisé une forme de laïcité qui tend à une séparation du religieux et du politique qui ne signifie pas la mise hors jeu des religions mais qui, au contraire, les invite à apporter dans le champ public ce qu’elles ont de meilleur, autrement dit leur capacité à éduquer pour la construction nationale. De mon point de vue, c’est une bonne manière de comprendre que la séparation du religieux et du politique est nécessaire mais que cette séparation ne doit pas nécessairement signifier la mise à l’écart des religions dans l’œuvre d’édification nationale.