Radicalisation et désengagement : les leçons de la « décennie noire » en Algérie

Ces discours se sont fondés sur la forte bipolarisation qui caractérise la société algérienne post-coloniale, les masses populaires arabophones contre des élites politiques francophones inamovibles depuis l’indépendance. Les islamistes algériens n’ont jamais manqué de pointer cette fracture identitaire et certaines contradictions de la junte au pouvoir qui prônait une arabisation à tout-va du pays mais qui prenait toujours soin d’envoyer ses enfants étudier à Paris, Londres ou Genève.

Défilé des vétérans de la guerre d’Indépendance, le 5 juillet 2017, à Alger. Ryad Kramdi/AFP

Le sentiment de hogra (mépris) et la généralisation de la rechoua (corruption) ont été les carburants de cette radicalisation. La décennie noire a également été alimentée par l’expérience des moudjahidins afghans. Ces combattants algériens partis combattre l’envahisseur soviétique avec le soutien logistique des Américains durant la décennie 1980 ont souvent constitué le noyau dur des GIA.

Daech, une diffusion horizontale

En France, les mosquées n’ont pas été des espaces majeures de radicalisation et nombre de recherches tendent même à illustrer une forte déconnexion de ces jeunes vis-à-vis des instances de socialisation à caractère islamique (militantisme, associations islamiques, etc.).