Ce regard comparatif reflète également une forme d’échec du politique. De manière limpide en Algérie, suite à la confiscation par le pouvoir de la victoire du Front islamique du salut (FIS) aux élections législatives de 1991, et de manière plus diffuse ou indirecte chez les combattants de Daech. Une large part de ces derniers provenait des territoires les plus relégués de leur société d’origine et ont été fascinés par l’utopie politico-religieuse du projet califal.
Les statistiques de l’Unité de coordination de lutte antiterroriste (Uclat) sont, à cet égard, très instructives : parmi les 265 djihadistes français morts jusqu’en septembre 2017 dans les régions syro-irakiennes, près de 55 % de provenaient de zones urbaines reléguées et conjuguaient des difficultés sociales protéiformes (échec d’intégration, antécédents judiciaires).
Des types de recrutement différenciés
Mais ces deux mouvances présentent également de nombreuses divergences. L’une des plus frappantes concerne la sociologie ainsi que la nature des motivations des recrues. Le djihad algérien des années 1990 s’était cantonné à un recrutement de combattants nationaux essentiellement composé de hittistes, ces « teneurs de murs » désœuvrés et déclassés des grandes agglomérations.