Pour revenir sur les évolutions récentes en France, depuis 2015, les représentations autour des migrants ont changé au fil des discours et des événements. De terme assez neutre, le mot est d’abord devenu, avec la crise migratoire, le reflet d’une catastrophe humanitaire marquée par les images fortes de naufrages en Méditerranée. Mais le discours s’est durci quand ces personnes se sont amassées aux portes de l’Europe. Leur image s’est aussi détériorée au gré d’événements particuliers, comme certaines actions terroristes. On peut encore affiner, poursuit l’universitaire, en distinguant les usages de différents acteurs. Dans l’ensemble, les journalistes ont d’abord cherché le « mot juste », s’intéressant de près à la polémique d’Al Jazeera opposant migrant et réfugié. De son côté, le champ politique, en particulier à droite, a repris cette dichotomie en identifiant deux catégories de personnes et en leur assignant des traitements distincts : la protection et le droit d’asile pour les réfugiés politiques en mesure de le prouver ; le renvoi pour les migrants économiques. D’où une opposition binaire entre réfugiés légitimes et migrants illégitimes, alors que, dans les faits, les choses sont plus complexes. Enfin, les milieux associatifs, ont, quant à eux, souvent utilisé les deux termes de façon indifférenciée, avec un seul mot d’ordre : « tous les accueillir ».
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