Célébrer la beauté masculine et déclarer son amour à un jeune éphèbe n’avaient pas toujours une connotation sexuelle et ne couvaient pas forcément un désir de jouissance. Dans certains cas, il s’agissait tout simplement d’un simple jeu littéraire, une démonstration de la maîtrise du verbe et son maniement dans les différentes situations. D’autres formes de passions homosexuelles dans l’histoire musulmane ressemblent plutôt à un amour platonique ne débouchant pas forcément sur des relations sexuelles. Ces manifestations d’amour platonique entre des personnes du même sexe, sont très présentes dans la littérature mystique musulmane.
Sexe, amour et chasteté
Le collier de la colombe, écrit par l’Andalou Ibn Hazm, est certainement l’un des plus beaux livres en arabe sur le thème de l’amour. Un texte plein de délicatesse, de mélancolie et de sensibilité. Ibn Hazm était aussi un homme de religion et fondateur d’un rite très rigoriste et ultra-orthodoxe. Dans Le collier de la colombe, ce juriste et théologien cite sans jugement ni distinction les passions homosexuelles aussi bien que les amours hétérosexuelles. Pour lui, tous les récits, anecdotes et poèmes méritent d’être cités dès lors qu’ils relèvent de l’amour chaste et platonique. Ibn Hazm avait une vision romantique et mélancolique de l’amour, qui se définissait selon lui par le tumulte des sentiments et la passion pour l’être aimé, sans que le corps ne vienne pervertir tout cela, et surtout dans un cadre illicite. L’amour d’un homme pour une personne du même sexe entrait dans cette définition, d’où les exemples d’amour homosexuel qu’Ibn Hazm décrit dans son livre.