Dans les deux cas, il y a un cadre particulier. Pour l’Asie, “il y a une mobilisation de certains secteurs de la société civile et des dispositifs d’intégration très efficaces”, rappelle le chercheur. “Pour l’Amérique du Sud, c’est l’ancien Front populaire qui défend ses ‘enfants’ chassés par les dictatures fascistes”.
“L’implicite du discours sur la crise sans précédent aujourd’hui, c’est que l’on a pour la première fois des demandes d’asiles et des flux de réfugiés massifs qui proviennent de l’extérieur de l’Europe et qui sont très peu lisibles. Il y a peu de défenseurs de leur cause dans la société française et européenne”.
Les différentes vagues de réfugiés des soixante dernières années s’expliquent donc par des contextes bien spécifiques. Mais le changement dans leur nature s’explique aussi et surtout par une modification plus subtile, mais essentielle: celle de la définition d’un réfugié.
Un changement du statut du réfugié
“Historiquement, au XIXe siècle en Europe, la figure classique du réfugié, c’est le combattant de la liberté victime d’un régime oppressif, qui cherche à échapper à la répression”, rappelle Philippe Rygiel. Les choses changent doucement à partir de la fin de la Seconde guerre mondiale. Notamment avec la création du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et la signature de la Convention de Genève.