La démocratie peut-elle survivre à la haine?

La haine fait partie de ces passions tristes qui opposent les uns aux autres les individus, elle est sans doute inévitable. Mais, si son expression s’étend dans l’espace public, si elle devient l’un des principaux éléments qui animent la vie sociale et contraignent les décisions politiques, elle devient un danger. La logique de l’ordre démocratique impose à tous les hommes publics, quels que soient leurs sympathies et leurs antipathies, de manifester leur considération à l’égard de ceux qui leur sont opposés dans le combat politique. On a souvent ironisé sur la familiarité qui pouvait régner entre des députés quand ils se retrouvaient dans la buvette de l’Assemblée nationale après s’être affrontés en termes forts dans l’hémicycle, mais c’était traduire la solidarité avec le concurrent politique. Quand Jacques Chirac a été victimes d’un grave accident de la route, ses adversaires politique ont produit des communiqués de sympathie, cela ne signifiait rien sur leurs sentiments, mais reconnaissait symboliquement sa légitimité en tant que responsable politique.