La fiancée juive de Damas
Elle se redresse sur son fauteuil, sa nièce Ariela lui roule une cigarette. Cette vieille dame n’est pas vieille.
A 84 ans, elle a gardé quelque chose d’une souveraineté amoureuse, d’une sensualité tenace. Elle a aimé, souffert, souri, résisté.
Une juive enceinte d’un Arabe, disparue sans prévenir sa famille, dans un monde en guerre où juifs et Arabes s’entre-tuaient.
«Quand nous sommes arrivés à Haïfa, le père de Fouad nous a emmenés chez le cadi, le juge musulman, qui nous a mariés. Je n’ai pas été mariée sous mon vrai nom mais sous un nom arabe. Nous avons vécu ensemble deux mois. Et puis…Rachel respire difficilement. Et puis Fouad est parti au travail un matin et il a été tué dans la rue. Je ne sais pas qui a tiré. Tout le monde tirait sur tout le monde. Ses amis sont venus me prévenir, on m’a emmenée à l’hôpital. Mon Fouad était mort. Et, moi, j’étais enceinte.»