Prosélytisme associatif
Ajouté à cela, l’offensive islamiste se faisait aussi par des livres, des cassettes audios et vidéos largement vendus sur les marchés, les associations et la librairie « islamique » tenue par des salafistes au centre-ville de Grenoble. Nombre de ces livres étaient, et sont toujours, publiés par les éditions Tawhid, également créées dans les années 1990. Installées en banlieue lyonnaise, leur proximité géographique avec Grenoble facilita les contacts et échanges avec les islamistes du Rhône qui eux-mêmes sont en étroit lien avec le centre islamique de Genève tout proche. Ce centre fut créé par Saïd Ramadan, père de Tariq et Hani, et membre important de la Confrérie des Frères Musulmans. Résultat : Tariq Ramadan (qui vivait à Genève et dont de nombreux livres et cassettes audio étaient édités chez Tawhid) avait un succès fou à Grenoble. Il y a donné de nombreuses conférences. J’avais même pu l’accompagner de Grenoble à son domicile de Genève pour m’entretenir avec lui.
Enfin, il ne faut pas non plus négliger le rôle des chaines religieuses satellitaires du Moyen Orient qui, là encore, connurent leur essor dans les années 1990.
Par l’addition de tous ces éléments, l’islam passa du statut de religion à celui d’identité face à cette République qui ne voulait pas reconnaitre tous ses enfants. Cela explique la montée du religieux, dans sa forme intégriste, et le développement de son symbole visible sexiste, politique et identitaire : le voile. Le travail de fond mené par les islamistes commença à porter ses fruits assez rapidement. La première affaire de voile à l’école eut lieu en 1989 dans un collège de Creil.