Perte d’influence des états du Magrheb
A Grenoble comme ailleurs dans l’hexagone, l’apparition de l’islamisme dans les années 1980 marqua le début de l’érosion de l’influence étatique du Maghreb. La répartition des lieux de cultes n’allait plus seulement se faire selon les pays. Ils allaient aussi être partagés, et de plus en plus, selon les courants islamistes. Telle salle de prière pouvait être contrôlée par le Maroc. Telle autre par des salafistes ou bien une autre par des Frères Musulmans. Toutes ces « chapelles » mènent une véritable lutte pour ravir des lieux de cultes aux autres.
Ces contrôles étatiques commencèrent aussi à s’effriter par l’émancipation lente des populations concernées. Les enfants des immigrés, nés en France, avaient peu de liens avec le pays d’origine de leurs parents. Une fois adultes, les consulats eurent moins de prise sur eux. Cela facilita aussi le transfert d’influence vers l’islamisme pour certaines mosquées. La mosquée Al-Kawthar à Grenoble en est un cas d’école. Fermée provisoirement depuis février 2019 en raison de prêches radicaux qui s’y étaient tenus, cette sanction est la conséquence de toute une histoire qui s’inscrit dans la grande et remonte justement à la guerre civile algérienne. J’avais retracé cette histoire dans un article précédent (1).
L’irruption progressive de l’islamisme peut aussi se mesurer à une activité qui peut sembler anodine : les cours d’arabe. Lorsque j’étais enfant dans les années 1980, ces cours étaient dispensés par la Maison des Jeunes et de la Culture de mon quartier de la banlieue de Grenoble. Puis, progressivement, ces cours ne furent donnés que dans des mosquées ou des « associations culturelles » musulmanes. Les structures laïques ont été supplantées par les structures religieuses. Et qui tient ces dernières ?…