Le nom d’Aïssa Doumara revenait sans cesse dans les débats. « Il y a parfois un grand décalage entre les discours et le terrain, explique Emily Bove. Les leaders d’opinion ne sont pas forcément les faiseurs. Aïssa Doumara, elle, n’a pas renoncé à son action première et cela lui donne une puissante légitimité. » « Ce prix, se réjouit Billé Siké,récompense le travail de toutes les militantes camerounaises et démontre que les Africaines luttent pour leur propre émancipation. »
Dès le retour au pays d’Aïssa Doumara après un mois d’absence, le gouverneur de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, est venu lui apporter lors d’une cérémonie officielle organisée à Maroua, lundi 8 avril, une lettre de félicitations signée du président Paul Biya. Devant un parterre d’autorités politiques, administratives, militaires et religieuses, Aïssa Doumara ne s’est pas départie de son calme habituel, interpellant d’une voix douce les plus hauts responsables de son pays, parlementaires en tête, les invitant à dépasser le stade déclaratif des bonnes intentions et à réformer le Code civil pour que la protection des filles et des femmes soit enfin assurée par le droit camerounais.