Aïssa Doumara, une Camerounaise dans les pas de Simone Veil

Des « groupes d’initiative commune » voient aussi le jour pour encadrer les activités de microentreprises féminines. Une douzaine de « brigades de dénonciation » sensibilisent dans les communes et les écoles primaires à la question des mariages précoces et des violences faites aux mineures. Ces petites unités de 20 personnes, composées d’enseignants, de chefs traditionnels et religieux, de parents, de relais médiatiques et d’élèves, ont créé dix centres d’écoute afin de pouvoir rediriger les jeunes filles selon leurs difficultés. Enfin, des « clubs de jeunes filles » s’implantent dans une cinquantaine d’écoles, permettant de faire « remonter » le signalement de fillettes violentées, engagées dans un processus de mariage ou déscolarisées par leur famille. En 2018, l’ALVF a déjà secouru 1 155 personnes, tous centres confondus.

A droite, Aïssa Doumara en séance de travail avec le conseil d’administration de l’Association du lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) , le 3 février 2019.
A droite, Aïssa Doumara en séance de travail avec le conseil d’administration de l’Association du lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) , le 3 février 2019. DR

C’est cette entraide qui a permis, ces dernières années, la prise en charge des rescapées de Boko Haram. Depuis 2014, les djihadistes du groupe nigérian ont régulièrement fait des incursions en territoire camerounais, enlevant femmes, garçons et filles pour les enrôler, les réduire en esclavage domestique et sexuel et, parfois, les envoyer à la mort chargés d’une ceinture d’explosifs. Celles qui parviennent à s’évader ou sont libérées sont brisées. « On travaille sur les violences physiques et psychologiques qu’elles ont subies, parfois au-delà de l’imaginable, indique Aïssa Doumara. Mais à leur retour, elles sont stigmatisées par leur entourage. Du coup, on a décidé d’expliquer nos actions à la population grâce à la radio. Et on accompagne ces survivantes jusqu’à pouvoir les réinsérer par le travail. Cela peut prendre plusieurs années. »