Dans le centre hospitalier de cette ville de l’Aisne, 43 % des 170 sont des médecins à diplôme étranger, obtenu hors de l’Union européenne. Leurs chefs de service et ces praticiens témoignent. reportage par Camille Stromboni publié sur le site lemonde.fr le 13 04 2022
« C’est moi qui ai donné l’alerte ! » La cheffe de la réanimation du centre hospitalier (CH) de Soissons, dans l’Aisne, a le regard noir et détache chacun de ses mots. « Ils n’avaient pas compris qu’ils allaient vider des services ! », s’énerve la praticienne, qui tente d’avaler rapidement un sandwich dans son bureau, en ce début d’avril, avant de repartir en réunion.
Avec l’application de la nouvelle procédure nationale d’autorisation d’exercice des médecins à diplôme étranger hors Union européenne (Padhue), Hager Ben Mokhtar a eu chaud : la réanimatrice a failli « perdre ses médecins ». « Des purs produits de chez moi », insiste-t-elle, parlant de ces trois professionnels – l’un est diplômé d’Algérie, l’autre du Bénin, le troisième de Tunisie – qui exercent dans les murs soissonnais depuis deux ans et qui ont tenu la boutique avec elle face au déferlement du Covid-19. Ce service tourne en premier lieu grâce à eux, ainsi qu’à un généraliste et un urgentiste.