A Soissons, ces médecins à diplôme étranger qui font tenir l’hôpital

Leïla Boutaghou, 39 ans, gynécologue-obstétricienne algérienne, qui a le statut de « stagiaire associée » au centre hospitalier de Soissons, dans l’Aisne, se prépare avant de rentrer au bloc opératoire, le 5 avril 2022. DELPHINE BLAST POUR « LE MONDE »

l’hiver 2020. « Je voulais me rapprocher de la France pour des raisons personnelles et compléter ma formation », décrit la jeune femme. Elle a découvert une autre façon de travailler, mais aussi une population de patients différente, « plus anxieux », ou encore de nouvelles pathologies. Mais après bientôt un an et demi dans le service, la praticienne commence à trouver le temps long : elle vient de rater pour la seconde fois ses EVC – « à 0,3 point près ! ».« Il faut six mois, peut-être un an pour s’adapter au système français, mais là, j’ai un poste de décision, je gère tout pendant ma garde et je n’ai pas le statut correspondant à ce qu’on me demande de faire, c’est un peu hypocrite », juge-t-elle. La médecin aux cheveux bouclés noir de jais demeure ainsi « stagiaire associée », rémunérée 1 300 euros net (hors gardes), comme le prévoient les grilles. Soit environ trois fois moins qu’un praticien à diplôme français en début de carrière. « Les hôpitaux ont besoin de nous, et, puisqu’on nous laisse travailler, c’est qu’on a été bien évalués ! Alors pourquoi on nous maintient dans ce statut précaire ? »