Rien d’extérieur à mon dogme et à la parole de « mes frères » musulmans ne pouvait me faire douter de mon choix.
Quoi de plus attirant pour un jeune en crise existentielle dans ce pays qu’une « idéologie prêt-à-porter » qui épouse vos colères, vos frustrations et vos rejets avec, en prime, la légitimité divine ? Enfin une autorité à laquelle je pouvais remettre mon être sans risques, pensais-je. En effet cette autorité prenait en charge mon quotidien -je ne volais plus, j’avais une « famille » fraternelle, j’avais un code de conduite précis, un corpus rituel structurant, ma crise existentielle était apaisée: pas d’anéantissement de « l’être » après la vie. De plus les gens « biens », écrasés dans cette vie injuste, seraient récompensés dans la « vie d’après ». Une autre version du fameux « les derniers seront les premiers ». Une proposition alléchante quand tu as l’impression d’être constamment foulé au pied par toute la société dans laquelle tu vis et que tu nourris une forte amertume et un profond ressentiment envers elle.