Ce récit à présent pour illustrer cet ‘’humour musulman’’ fleurtant avec le blasphème. L’action se déroule à Balkh, une cité anciennement prospère de l’Afghanistan où de pauvres hères affamés agonisent. Pourtant un esclave bien portant s’affaire, enjoué, à son rude labeur. Surpris par cette bonne humeur, un ascète, passant par-là, interroge le gai besogneux : « Comment peux-tu te sentir aussi à l’aise au sein de toute cette misère ? – Mon maître, répondit l’esclave, a accumulé de vastes provisions de nourriture et il ne laisse jamais ses serviteurs dans la disette. » Décontenancé par la réponse, le soufi, levant ses mains au ciel, sermonne Dieu : « Seigneur ! N’as-tu point là matière à réfléchir ? Il y a à Balkh un maître simplement humain qui a de quoi faire manger ses esclaves, tandis que Toi, Maître de l’Univers, Tu es incapable de garder quelques provisions de bouche pour Tes créatures ! »
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