C’est un choix qui écarte les migrations économiques, par exemple, mais rendu nécessaire par la difficulté à trouver des données constantes dans le temps. De plus, le prisme des réfugiés est intéressant pour éclairer la crise migratoire européenne actuelle et l’ancrer dans une histoire et un contexte. Tout en rappelant que la définition du réfugié a évolué dans le temps.
“Par rapport à la crise de 2015, il y a eu des moments dans l’histoire récente bien plus intenses. Par exemple, dans les années 20, on comptait environ 25 millions de réfugiés, avec le début des politiques antisémites, les suites de la révolution d’Octobre, la fin de la Première guerre mondiale”, rappelle Philippe Rygiel. Même chose après la Seconde guerre mondiale. “La différence en Europe par rapport à aujourd’hui, c’est qu’à ces deux époques, ce sont des réfugiés européens”, précise le chercheur, professeur à l’université Paris 10.
Un flux extérieur à l’Europe et peu lisible
De fait, l’afflux de réfugiés non européens actuel n’est pas une première. Son ampleur et sa réception, si. “Il y a deux précédents qui ont donné lieu à des exodes massifs, ce sont les Latino-Américains dans les années 70 et les réfugiés d’Asie du Sud-Est”″, détaille Philippe Rygiel. Avec des contextes bien particuliers: d’un côté, les réfugiés étaient vus comme victimes d’un communisme en expansion, en Asie. De l’autre, en Amérique du Sud, ce sont des personnes chassées par les dictatures fascistes.