Impôts, fraude, assistanat, vote réac : ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits

Préjugé n°7 : les pauvres ne savent pas gérer leur budget

Les pauvres sombreraient dans le consumérisme et dépenseraient à tout va, en se surendettant pour un écran plat ou un smartphone. « La diffusion des téléphones portables et des écrans plats s’est tellement répandue qu’ils ne sont plus vraiment un signe d’opulence, avance Jean-Christophe Sarrot. Et comme le rappelle Joseph Stiglitz (ancien économiste en chef de la banque mondiale et prix Nobel d’économie en 2001, ndlr) dans son ouvrage sur les inégalités, ce n’est pas en vendant leur télé que les personnes pauvres vont pouvoir se payer durablement à manger, se soigner ou financer les études de leurs enfants [7] ! » Le fait de ne pas pouvoir manger de la viande régulièrement serait un indicateur de pauvreté plus « fiable ». Selon Eurostat, en 2015 en France, 7,3 % de la population était dans l’impossibilité de manger de la viande au moins un jour sur deux. C’est l’un des taux les plus élevés d’Europe (7,5% en Allemagne, 2,6 % en Espagne, 1,7% au Danemark).

« En matière de gestion financière, les personnes en précarité déploient bien souvent un grand savoir-faire », souligne Jean-Christophe Sarrot. « Je tiens un cahier où j’écris tout ce que je dépense, témoigne une mère de famille. Je mets la date, la nature de l’achat, le prix et je fais le solde. Je fais des choix, le premier choix c’est pour mon fils quand il veut et que je peux [8]. » « Le réseau Crésus, qui gère les dossiers de surendettement, nous rappelle que l’incapacité à gérer un budget familial touche toutes les couches de la société », ajoute Jean-Christophe Sarrot.