Impôts, fraude, assistanat, vote réac : ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits

Préjugé n°11 : les étrangers sont attirés par notre protection sociale et ils nous coûtent cher

Les conditions d’accès à notre protection sociale sont restrictives. Pour prétendre au RSA par exemple, les personnes issues d’un pays non membre de l’Union européenne doivent être titulaires depuis au moins cinq ans d’un titre de séjour les autorisant à travailler. Les conditions d’obtention du minimum vieillesse sont elles-aussi contraignantes : une personne de nationalité étrangère doit, soit détenir depuis 10 ans un titre de séjour l’autorisant à travailler, soit être réfugiée, apatride, ou ancien combattant, soit être ressortissante d’un État membre de l’Espace économique européen ou suisse. Il faut également résider régulièrement en France. Personne ne peut donc débarquer en France et toucher le minimum vieillesse ou le RSA du jour au lendemain.

Selon Médecins du monde, qui prend en charge des réfugiés partout en Europe, seulement 2,3% des migrants interrogés citent la santé personnelle comme motif de migration, loin derrière les raisons économiques (48,1%), politiques, ethniques, religieuses ou d’orientation sexuelle (23,7%) [13]. Les personnes qui quittent leur pays et rejoignent l’Europe au péril de leur vie veulent avant tout éviter d’être tuées et trouver un travail. « La plupart des migrants se trouvent dans un état de santé normal à leur arrivée, (…) ce sont surtout les conditions d’accueil qui leur sont faites ici qui, au fil des mois, provoquent chez eux des maladies », précise Médecins du monde.

Les immigrés, quand ils sont correctement accueillis, apportent une diversité culturelle et professionnelle qui favorise l’économie des pays d’accueil. Mais ils créent en plus de la richesse et de l’emploi, car ils sont aussi consommateurs, cotisants et contribuables (TVA et autres impôts). Ces contributions compensent, parfois largement, les coûts (santé, éducation, chômage) liés à la prise en charge des personnes immigrées. Un comparatif établi en 2005 montre que cette année là l’immigration a rapporté plus de 72 milliards d’euros à la France via les cotisations et impôts, et coûté environ 68 milliards d’euros, soit un solde positif de 4 milliards d’euros [14]. Selon l’organisation internationale de coopération et de développement économiques (OCDE), il faudrait mieux intégrer les immigrés au marché du travail, car c’est la voie principale par laquelle ils contribuent aux ressources fiscales de leurs pays d’accueil.

Nolwenn Weiler

Dessins : Rodho

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