Impôts, fraude, assistanat, vote réac : ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits

Préjugé n°6 : les pauvres polluent et se foutent de l’écologie

Le bilan carbone – émissions de gaz à effet de serre par an généré par le mode de transport, d’alimentation et d’habitat – d’un cadre supérieur est de 8 580 kg de CO2. Celui d’un ouvrier est de 6 828 kg. Il pollue donc 20% de moins qu’un cadre (la moyenne est de 7 388 kg de CO2 pour l’ensemble de la population) [6]. « On peut imaginer sans grand risque d’erreur que les personnes confrontées au chômage et à la précarité polluent encore moins que les ouvriers », relève Jean-Christophe Sarrot. Au quotidien, les familles en précarité mettent en œuvre des pratiques dévalorisées par notre société de consommation et qui peuvent soutenir la transition écologique : faire durer les objets, les remettre en état et les réutiliser, prêter et s’entraider, économiser l’énergie. »

S’ils génèrent moins de pollution, les pauvres en subissent en revanche les conséquences, plus encore que le reste de la population. « À Paris, ce sont les familles précaires qui souffrent le plus des pics de pollution, parce qu’elles habitent dans des endroits exposés, par exemple à proximité du périphérique et qu’elles ont peu de moyens de s’y soustraire, n’ayant pas de quoi partir en vacances ou en week-ends. » Les bénéficiaires de la CMU souffrent d’ailleurs plus de maladies respiratoires chroniques que le reste de la population (57 pour 1 000 contre 35 pour 1 000). Et aux États-Unis, l’industrie du gaz de schiste est accusée de venir « mettre ses déchets chez les Noirs et les pauvres ».