Prétendre qu’on ne peut pas vérifier ou authentifier les images venues de Syrie est donc, pour ce qui concerne l’AFP, non seulement inexact, mais absurde. Il faut simplement avoir la volonté de le faire et s’en donner les moyens humains et techniques.
Toutes les images que nous recevons de Syrie ne sont pas systématiquement diffusées. Loin de là. Le 13 mars, par exemple, sur les 350 photos reçues, nous n’en avons diffusé que 161. Nous ne distribuons que celles qui ont une valeur informative réelle tout en ayant les qualités esthétiques requises. Nous éliminons surtout les photos les plus dures. Et il y en a malheureusement beaucoup. Cela vaut aussi pour la vidéo.
Car le but ici n’est pas de choquer ou de faire du sensationnalisme, mais d’informer. Cela suppose de montrer, dans certaines limites, l’impact de ce conflit sur les populations, qu’elles vivent dans les zones rebelles ou dans celles contrôlées par le régime. Ne pas le faire reviendrait à retirer aux victimes leur humanité, à les ravaler, en quelque sorte, au rang de simples statistiques (« 127 morts lundi dans la Ghouta orientale »), comme s’il s’agissait du bilan des accidents de la route après un long weekend.